Paroles en l’air

Quand Omar Bongo promettait publiquement aux gabonais la dissolution du PDG... en 1990 !

Quand Omar Bongo promettait publiquement aux gabonais la dissolution du PDG... en 1990 !
Quand Omar Bongo promettait publiquement aux gabonais la dissolution du PDG... en 1990 ! © 2024 D.R./Info241
Soutenez Info241 !

qrcode:https://www.news241.com/quand-omar-bongo-annoncait-publiquement-aux-gabonais-la,8977
Flashez le qr-code ci-dessus pour partager l'article à vos proches.

L'URL de partage de cet article est http://info241.ga/8977

Plus de sujets

Alors que certains poussent aujourd’hui des cris d’orfraie à la proposition de suspension du Parti démocratique gabonais (PDG, renversé le 30 août) à l’issue du Dialogue national d’avril, son père fondateur, Omar Bongo, proposait lui-même en février 1990, bien que sous la contrainte du peuple, de le dissoudre complètement pour reconstruire le pays. Le père du PDG et des PDGistes avait fait cette proposition au cours d’un discours à la nation le 23 février 1990.

Moov Africa

À cette époque déjà, le PDG, qui sortait à peine de 22 ans de monopartisme, avait déjà causé beaucoup de tort au Gabon malgré les dénégations d’Omar Bongo. Il faut dire que ce projet de dissolution n’a jamais vu le jour. Et pour cause, cette idée provenait en réalité de la « commission spéciale pour la Démocratie », qui l’avait émise à la suite d’âpres négociations et consultations de Gabonais souhaitant tourner la page du monopartisme. Une manœuvre habilement menée par le père du PDG, qui envisageait de créer à la place le Rassemblement social-démocrate gabonais (RSDG) et d’y rester à sa tête !!!

La une de l’Union de l’époque annonçant la belle idée du président Omar Bongo

Annonce
Proposition de dissolution complète du Parti démocratique gabonais (PDG)
Création d’une nouvelle formation politique, le Rassemblement social-démocrate gabonais (RSDG)
Appel à tous les Gabonais de tous les horizons à se retrouver dans ce nouveau cadre politique
Engagement à renforcer la cohésion nationale et à associer tous les Gabonais à l’élaboration des politiques
Promesse d’une politique sociale visant à plus de justice et d’équité
Appel au dialogue comme élément clé de la démarche politique
Invitation à tous les démocrates à participer à la construction d’un Gabon plus démocratique et libre
Annonce d’une conférence nationale pour la rédaction des statuts du nouveau mouvement et la révision de la Constitution
Reconnaissance de la contribution des soutiens passés et appel à l’engagement des futurs alliés
Engagement pour un changement pacifique, sans rancœur ni division

Message du Chef de l’État à la Nation Gabonaise du 23 février 1990 :

Mes chers compatriotes,

Je m’adresse aujourd’hui à chaque Gabonaise, chaque Gabonais individuellement, car mes paroles concernent l’AVENIR du GABON. Et quand il s’agit de l’AVENIR du GABON, c’est l’affaire de chacun de nous, c’est l’affaire de tous.

Lorsque le peuple gabonais m’a fait confiance en me portant à la magistrature suprême :
-  le pays était divisé et paralysé par le régionalisme, le tribalisme, et les dissensions tragiques, la rancune et la haine entretenues par plusieurs partis politiques ;
-  l’esprit de Nation n’existait même pas ;
-  les infrastructures dignes de ce nom étaient sommaires ;
-  l’insuffisance des cadres nationaux compliquait les données du problème ;
-  le pays était presque inconnu à l’extérieur.

La création du Parti démocratique gabonais, le 12 mars 1968, a marqué une étape importante dans la vie de notre jeune nation. Dans les circonstances historiques de l’époque, il s’agissait avant tout de mettre sur pied une organisation politique capable d’asseoir l’unité nationale, d’assurer la paix et la sécurité de tous, et de servir de fer de lance à notre développement économique et social. Il fallait que tous les Gabonais prennent conscience qu’ils appartenaient à une même nation.

En 22 ans, le PDG, à travers la politique de Rénovation mise en place, a rempli avec brio les missions que nous lui avions assignées à sa création. Même si l’unité nationale demeure fragile, même si tout n’a pas été parfait dans notre parcours, on ne saurait nier l’évidence. C’est grâce à la paix et à la stabilité créées et garanties par le Parti démocratique gabonais que notre pays a pu, avec le concours de chaque Gabonais de bonne volonté, connaître un développement sans précédent.

En effet, que ce soit au plan économique, social ou culturel, d’importantes réalisations ont vu le jour. Ce qui a transformé le visage de notre pays. Ces importants acquis ont permis au Gabon de jouer un rôle significatif en Afrique et dans le monde, augmentant ainsi son crédit et son prestige dans le concert des nations.

Chaque militant doit se sentir fier de l’œuvre immense que nous avons accomplie sous la direction du Parti démocratique gabonais, qui a su mobiliser la Nation toute entière dans la lutte pour l’unité nationale et le progrès.

Le mois dernier, lors de la réunion extraordinaire du Comité central, les militants ont procédé à une analyse approfondie des différents changements intervenus aux plans international et national. D’importantes résolutions ont été adoptées et une commission spéciale pour la Démocratie a été mise sur pied. Cette commission vient de remettre ses conclusions.

C’est donc fort de ses recommandations et dans le souci de tenir compte des nouvelles aspirations de notre peuple dans les conditions historiques d’aujourd’hui, que j’ai décidé de proposer la dissolution du Parti démocratique gabonais.

À l’heure actuelle, la majorité de notre jeune peuple est composée de jeunes générations qui sont très réceptives aux idées de changement et à qui nous devons offrir de nouvelles perspectives en tenant compte de nos réalités et de nos moyens.

Il me paraît donc que pour mener à bien les réformes que nous projetons, tous les Gabonais de tous les horizons et de toutes les conditions doivent se retrouver dans un cadre nouveau.

Ainsi, je propose la création d’une nouvelle formation politique qui s’appellera Rassemblement social-démocrate gabonais.

Il s’agit d’un rassemblement car, face aux mutations en cours, nous devons continuer à renforcer notre cohésion, associer tous les Gabonais à l’élaboration et à la mise en application des mesures politiques concernant leur vie et leur avenir.

Ce rassemblement sera social car le peuple gabonais aspire à plus de justice sociale ; il demande que les richesses nationales soient équitablement réparties et qu’une réduction significative des inégalités soit opérée.

Enfin, ce rassemblement doit être celui de tous les démocrates pour tenir compte de l’aspiration profonde de notre peuple à plus de démocratie et de liberté.

En tout état de cause, le dialogue demeurera notre arme principale et sera, plus que par le passé, l’un des éléments clés de notre démarche politique.

Cette formation aura pour tâche de rassembler tous ceux qui souhaitent sincèrement poursuivre la construction de notre pays dans l’unité et la concorde tout en mettant en œuvre les importantes réformes démocratiques attendues légitimement par notre peuple.

Tous les courants d’idées et d’opinions en vigueur dans notre société y sont les bienvenus. Tous ceux qui ont hésité à travailler avec le PDG peuvent désormais prendre ce nouveau train qui se trouve en gare dès ce jour.

Nous devons repartir ensemble, sans rancune ni arrière-pensées, pour une nouvelle marche qui doit conduire notre pays vers plus de démocratie, de liberté et de justice sociale.

En attendant le congrès extraordinaire du Parti démocratique gabonais qui sera convoqué très prochainement pour se prononcer sur la dissolution de ce parti, les structures actuelles demeureront en place.

Une conférence nationale pour la rédaction des statuts du nouveau mouvement et la révision de la Constitution sera convoquée sur la base des sensibilités politiques qui auront manifesté leur désir de participer avec nous à la naissance de ce mouvement.

Je demande à mes amis d’hier, à mes compagnons de la première heure et à ceux d’aujourd’hui de continuer à me faire confiance en confirmant leur soutien à ce rassemblement. Quant à mes amis de demain, je leur demande de se déterminer et de se prononcer ouvertement.

Je pense toutefois qu’il n’y a plus de raisons objectives pour que des compatriotes se mettent à l’écart. Les mutations souhaitées par notre peuple et pour lesquelles je suis sensible doivent se dérouler dans la paix, sans heurts, sans drames, sans rancunes, avec la contribution volontaire de tous.

Il s’agit là d’un acte de courage et de foi en l’avenir de notre pays.

Ces derniers temps, j’ai reçu des Gabonais ; j’ai écouté beaucoup d’opinions. Tout le monde, de manière unanime, souhaite certes des changements, mais tous insistent pour que cela se passe dans le calme et l’unité qui ont toujours caractérisé notre peuple.

C’est aussi ma conviction. C’est pourquoi je pense que tous les Gabonais épris de paix, de démocratie, de liberté et de justice sociale, ainsi que tous ceux qui sont soucieux de préserver notre unité nationale, viendront travailler dans le cadre de ce nouveau rassemblement.

Ce Rassemblement social-démocrate gabonais est une nouvelle chance qui s’offre à notre peuple pour que celui-ci puisse aborder le troisième millénaire dans de bonnes dispositions.

Notre victoire face aux grands défis de demain est à ce prix.

VIVE LA RÉPUBLIQUE !

VIVE LE GABON !

@info241.com
Moov Africa

Newsletter de Info241.com

Inscrivez-vous maintenant pour recevoir notre newsletter quotidienne


Info241.com s'engage à ne pas vous envoyer de messages non sollicités. Si vous changez d'avis, vous pourrez vous désabonner de cette newsletter à tout moment.

Commenter l'article