Inquiétude

Le silence assourdissant de l’État gabonais face à l’affaire du masque Ngil Fang

Le silence assourdissant de l’État gabonais face à l’affaire du masque Ngil Fang
Le silence assourdissant de l’État gabonais face à l’affaire du masque Ngil Fang © 2023 D.R./Info241

L’affaire du Masque Ngil Fang, ayant été cédé pour la somme colossale de 4.2 millions d’euros, a suscité un véritable émoi au sein de la sphère médiatique française. Chaque jour, cette affaire alimente les gros titres des médias hexagonaux, notamment en raison du récent développement concernant la bataille juridique initiée par les receleurs du masque. Ces derniers l’avaient originellement cédé à un brocanteur pour une modeste somme de 150 euros, avant qu’il ne trouve acquéreur pour une fortune considérable.

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Pourtant, malgré l’évidence incontestable que ce trésor culturel appartient à l’État Gabonais, un silence assourdissant prévaut. Heureusement, la communauté gabonaise en Occitanie, guidée par Paul Henri MBONE NZE GONDJOUT, se mobilise pour faire résonner la légitimité de cette cause et rétablir la dignité de notre patrimoine national.

Le masque Ngil Fang : Un trésor culturel gabonais

Le masque Ngil Fang, véritable joyau de la culture gabonaise, représente l’héritage et l’identité profonde du peuple Fang. Sa valeur transcende largement sa matérialité, il incarne l’âme vivante de cette communauté. Comme l’a si bien exprimé André Malraux, "La culture est l’héritage de la noblesse du monde". Ainsi, ce masque Ngil, en tant qu’objet à la fois culturel et cultuel, incarne la noblesse de notre nation. C’est pourquoi il est particulièrement troublant de constater que l’État Gabonais n’a pas encore pris position dans cette affaire.

Le silencieux ministère de la Culture

« Ce qui fait de l’Homme un Homme est avant tout invisible » EKOMY NDONG

Alors que la restauration des institutions nationales est une priorité à l’heure actuelle, ne serait-il pas temps que nous envisagions de réclamer notre patrimoine culturel ? Il est essentiel de se rappeler que les institutions sont incarnées non seulement par des individus et des valeurs, mais aussi par une culture. Cependant, du côté du ministère de la Culture gabonais, un silence persiste sur l’affaire des biens culturels et cultuels gabonais qui sont actuellement détenus par des individus les ayant acquis dans le contexte violent de la colonisation. Cette apathie apparente soulève des interrogations fondamentales quant à la volonté de l’État de protéger et de préserver son héritage culturel et cultuel.

Les voix de la résistance

« Ce masque est toujours chargé en puissance mystique. Il fait tout pour qu’on parle de lui  » Paul Henri MBONE NZE GONDJOUT

Heureusement, au sein de la diaspora gabonaise en Occitanie, une figure émerge comme un porte-voix de la justice culturelle. Paul Henri MBONE NZE GONDJOUT, avec une détermination inébranlable, se dresse pour réclamer la restitution de ce bien culturel précieux à son peuple légitime. Sa lutte incarne l’espoir que la justice et la légitimité prévaudront dans cette affaire. Ce papier est également, l’occasion de rendre un vibrant hommage à ces compatriotes qui s’exposent dans cette affaire dans un pays étranger, Me Olivia BETOE, Yannick Elydjah MEYO BIBANG, Solange BIZEAU, le Collectif des Gabonais d’Occitanie. S’engager en tant que partie civile dans une affaire de cette envergure représente un risque réel pour ces compatriotes, à qui nous exprimons notre gratitude. Il est néanmoins temps que l’État assume son rôle dans cette affaire. 

La responsabilité de l’État gabonais

Il est temps pour l’État Gabonais de faire preuve de fermeté et de revendiquer ce qui lui revient de droit. La passivité face à une telle violation de la propriété culturelle affaiblit non seulement l’intégrité nationale, mais ternit également l’image de l’État sur la scène internationale.

Il est important de rappeler que Le Ngil fut interdit par les autorités coloniales françaises en 1910. Et que les masques ainsi que d’autres objets cultuels et culturels ont été collecté par la force.

« La facilité avec laquelle nous renonçons, souvent, à notre culture ne s’explique que par notre ignorance de celle-ci, et non par une attitude progressiste adoptée en connaissance de cause. » CHEIKH ANTA DIOP

Bien que nous vivions à une époque où l’essentialisme tend à prévaloir sur les traditions et les cultures, il est remarquable de constater que les Gabonais sont plus enclins à professer leur foi en Jésus-Christ qu’à honorer leurs ancêtres, comme si ces deux aspects étaient inconciliables. (Pour approfondir, je recommande la lecture de l’excellent travail de Simon-Pierre E. Mvone Ndong intitulé « Rites initiatiques gabonais à la rencontre de l’Évangile : Noël Ngwa-Nguéma. Le débat sur l’inculturation et sur la nouvelle évangélisation du Gabon, 20 ans après »).

Il est primordial de se rappeler que ceux qui méconnaissent leurs racines ont de grandes chances de se perdre en chemin. La restauration des institutions doit inévitablement débuter par la préservation de ce qui existe déjà. C’est en forgeant une solide identité culturelle que l’on se construit une véritable échelle de valeurs.

L’affaire du Masque Ngil Fang met en exergue un silence embarrassant de la part de l’État Gabonais, notamment de son ministre de la Culture. Alors que les médias français résonnent des échos de cette tragédie culturelle, il devient impératif pour l’État de prendre position afin de défendre son patrimoine. La voix de la résistance, incarnée par des personnalités telles que Paul Henri MBONE NZE GONDJOUT, rappelle à tous que la justice culturelle est un combat qui mérite d’être mené. Il est grand temps pour l’État Gabonais de faire preuve de leadership et de restaurer l’intégrité de son patrimoine culturel pour les générations futures.

Yvan-Cédric NZE, citoyen gabonais, ingénieur sûreté nucléaire

@info241.com
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