Gabon : Après avoir passé Noël au palais de justice, l’ex ministre du Tourisme écroué pour corruption
L’ancien ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Pascal Ogowé Siffon, a été placé sous mandat de dépôt et écroué ce jeudi 25 décembre à la prison centrale de Libreville, à l’issue d’une audition-fleuve au Palais de justice. Le désormais sénateur, qui n’a pas eu le temps de prendre officiellement son siège en raison de ses ennuis judiciaires pour bénéficier d’une éventuelle immunité, bascule ainsi du calendrier parlementaire à la procédure pénale.
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Alors que l’on croyait l’ex ministre Pascal Ogowé Siffon hors d’atteinte car il a même assisté au conseil des ministres du 14 décembre, il n’en est rien. Il a été interpellé ce 16 décembre, au lendemain de sa démission du gouvernement, consécutive à son élection comme sénateur des deux arrondissements d’Akanda (Estuaire). Le démissionnaire a ensuite passé huit jours en garde à vue au B2, avant d’être conduit au Palais de justice hier pour une phase décisive : son audition devant le juge d’instruction.
Une audition marathon, un réveillon au Palais de justice
Selon l’AGP, l’audition a débuté mercredi à 16 heures et s’est poursuivie toute la nuit. Après plus de quinze heures d’échanges — de mercredi 16 heures à ce jeudi 7 heures — aucune décision n’avait encore été rendue au petit matin, signe de l’ampleur du dossier et des vérifications engagées.
Le véhicule emmenant l’ancien ministre à la prison centrale
L’ancien ministre a ainsi passé son réveillon dans l’enceinte judiciaire, devant le juge d’instruction. Et c’est finalement dans l’après-midi que l’issue est tombée : après plus de vingt heures d’audition, il a quitté le Palais de justice ce jeudi, aux environs de 14 heures, sous escorte, pour être conduit à « Sans-Famille ».
Des soupçons de détournement « de plusieurs milliards »
Sur le fond, Pascal Ogowé Siffon est présenté par des sources judiciaires comme suspecté de détournement de fonds publics . Les montants évoqués portent sur plusieurs milliards de francs CFA, qui auraient été destinés, selon ces mêmes sources, au « rayonnement » du ministère du Tourisme.
Les fonds en cause proviendraient notamment de financements publics, de dividendes liés à des établissements hôteliers réquisitionnés par l’État, ainsi que de provisions pour investissements diversifiés (PID). La procédure devra désormais préciser l’origine exacte des montants, la chaîne de décision et les responsabilités éventuelles.
Une affaire emblématique de l’offensive anticorruption
L’ancien ministre avait déjà fait l’objet d’une première mesure restrictive alors qu’il était encore en fonction, avec une interpellation suivie d’une mise en résidence surveillée début novembre dernier. Son incarcération, ce 25 décembre, marque une accélération judiciaire spectaculaire et montre l’intransigeance des autorités gabonaises contre la corruption qui gangrène l’administration publique.
En moins de deux semaines, l’ex-ministre, élu sénateur d’Akanda mais pas encore officiellement installé au Sénat, est devenu détenu à la prison centrale de Libreville. La suite se jouera désormais à l’instruction, dans un dossier appelé à mettre à l’épreuve, à la fois, la solidité des charges retenues et la capacité des autorités à aller au bout des procédures.
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