Scandale des procurations : Immongault reconnaît les fraudes mais promet d’agir... qu’au second tour !

A qui profite le crime ? Le scandale des procurations entache désormais les élections législatives et locales du 27 septembre dernier. Dans un communiqué publié ce mercredi 1er octobre, le président de la Commission nationale d’organisation et de coordination des élections et du référendum (CNOCER), par ailleurs ministre de l’Intérieur, a reconnu l’existence « de cas supposés d’irrégularités » dans plusieurs circonscriptions. Pourtant, aucune annulation ni sanction immédiate n’est prévue pour ce premier tour.

Des fraudes passées sous silence
Selon le rappel du ministre, la loi électorale interdit à un mandataire de détenir plus d’une procuration et limite son droit de représentation à une seule fois. Mais le 27 septembre, ces règles élémentaires ont été piétinées. De nombreux électeurs se sont présentés munis de procurations multiples, gonflant artificiellement les résultats de certains candidats. Les protestations se sont multipliées sans que cela ne conduise à la moindre suspension des résultats provisoires.
Le communiqué du ministère de l’Intérieur
La CNOCER annonce désormais la mise en place d’un dispositif de contrôle pour le second tour du 11 octobre. Des vérifications seront opérées devant les bureaux de vote pour attester de l’authenticité des procurations et limiter leur usage abusif. Mais ce « sursaut » arrive trop tard pour corriger les dérives du premier tour, dont les résultats restent validés malgré des soupçons persistants de fraude.
Une victoire en trompe-l’œil pour l’UDB
Cette inertie profite directement à l’Union démocratique des bâtisseurs (UDB), le parti présidentiel, qui a raflé une grande partie des sièges au premier tour ou s’est qualifié pour les seconds tours. Les irrégularités par procuration, dénoncées notamment par des candidats de l’opposition, apparaissent comme un facteur décisif dans plusieurs circonscriptions, offrant à l’UDB un avantage quasi irréversible.
Un visuel de la CNOCER encadrant le procédé
Pour les candidats indépendants et ceux des partis d’opposition, le mal est fait. Même si certains envisagent de saisir la Cour constitutionnelle, la temporalité joue contre eux : le calendrier électoral impose que les recours soient introduits avant le 8 octobre, alors que la campagne du second tour s’achève déjà le 10 octobre. Un chevauchement qui réduit de fait leurs chances d’obtenir justice à temps.
Le prix du laxisme électoral
L’absence de sanctions immédiates renforce le sentiment d’une démocratie sous tutelle, où les irrégularités deviennent acceptables lorsqu’elles profitent au pouvoir en place. La reconnaissance tardive de la CNOCER ressemble davantage à un exercice de communication qu’à une volonté de restaurer l’équité électorale. Pour beaucoup, ce réveil tardif scelle l’idée d’un scrutin faussé dès le départ.
À dix jours de la reprise des urnes, le climat politique reste tendu. L’opposition dénonce une « mascarade » tandis que la majorité savoure ses succès. Si le dispositif annoncé est effectivement appliqué, il pourrait limiter les abus à venir. Mais il ne changera rien à la réalité : le premier tour, entaché d’irrégularités flagrantes, restera comme un camouflet pour la démocratie gabonaise .
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