Acquittement

Gabon : Accusé de viol sur un garçon de 7 ans, un séropositif de 53 ans acquitté au bénéfice du doute

Gabon : Accusé de viol sur un garçon de 7 ans, un séropositif de 53 ans acquitté au bénéfice du doute
Gabon : Accusé de viol sur un garçon de 7 ans, un séropositif de 53 ans acquitté au bénéfice du doute © 2025 D.R./Info241

C’est l’épilogue d’une affaire sordide qui a tenu en haleine la ville de Tchibanga (Nyanga, sud du Gabon) durant trois ans.​​​​​​​ La Cour d’appel judiciaire de Mouila, siégeant en session criminelle foraine, a prononcé ce mercredi 10 décembre l’acquittement d’un homme de 53 ans, poursuivi depuis trois ans pour le viol présumé d’un garçon de 7 ans. Malgré la gravité des accusations et des réquisitions sévères, les zones d’ombre du dossier, notamment liées à la séropositivité de l’accusé, ont conduit les juges à le déclarer non coupable.

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 Une plainte, un voisin et des accusations sordides

L’affaire débute le 27 mai 2022 au quartier Ibanga, à Tchibanga, rapporte ce samedi L’Union. Ce jour-là, François Délicat, le père de la victime, et sa compagne s’inquiètent de l’absence prolongée de leur fils, alors âgé de 7 ans, envoyé faire une commission chez le boutiquier communément appelé "Malien". C’est finalement la sœur aînée qui retrouve l’enfant, non pas au commerce, mais au domicile de leur voisin, un père de famille de 53 ans.

Retrouvé «  tout tremblant  », le petit garçon finit par confier à ses parents que le voisin lui a fait « des mauvaises choses par-derrière  ». Une plainte est immédiatement déposée. Les examens médicaux pratiqués par la suite semblent corroborer les dires de l’enfant : ils révèlent des lésions anales récentes, compatibles avec une agression sexuelle. Le suspect est alors placé en détention préventive jusqu’à son procès ce mercredi.

 L’argument médical qui a fait basculer le procès

Si les lésions physiques plaidaient en faveur de l’accusation, un élément scientifique est venu fragiliser le dossier durant l’instruction et le procès. L’accusé est porteur du VIH/Sida, comme l’ont confirmé les examens. Or, les tests effectués sur le garçonnet se sont révélés négatifs. Cette absence de transmission du virus, alors que l’enfant avait initialement évoqué plusieurs agressions avant de se rétracter pour ne parler que d’un acte unique à la barre, a semé le doute dans l’esprit de la Cour.

A l’inverse face aux juges, l’accusé n’a jamais varié dans ses déclarations, clamant son innocence et niant tout contact sexuel avec le mineur. Lors de l’audience, l’avocat général, Félix Minko Nkoundi, s’est appuyé sur la constance des premières déclarations de la victime et sur le certificat médical attestant des lésions pour requérir la culpabilité. Il a demandé une peine lourde de trente ans de réclusion criminelle, assortie d’une amende de trente millions.

De son côté, la défense, assurée par Maître Mihindou, a plaidé l’acquittement. L’avocat a insisté sur les incohérences du dossier et a soulevé la question de l’impuissance sexuelle supposée de son client, réclamant le bénéfice du doute.

 Le verdict de la Cour

Après délibération, la présidente de la Cour, Carole Badiate, a tranché en faveur de la présomption d’innocence. Estimant que les preuves n’étaient pas suffisantes pour établir la culpabilité au-delà de tout doute raisonnable, notamment en raison de la contradiction médicale sur la sérologie, elle a déclaré l’accusé non coupable.

Après trois années passées derrière les barreaux, l’homme de 53 ans dont les initiales sont L.K. a recouvré sa liberté le soir même, laissant la famille de François Délicat face à son désarroi et à ses interrogations sans réponse. Si le mis en cause n’est pas l’auteur du viol homosexuel, qui le serait ? Autant de question sans réponse, à moins que la justice ait finalement libéré un prédateur sexuel qui ne manquerait pas de récidiver.

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