Gabon : Omar Bongo aurait eu 90 ans aujourd’hui, sa famille et sa Fondation multiplient les hommages
Ce mardi 30 décembre 2025 marque une date symbolique dans l’histoire du Gabon : Omar Bongo Ondimba, figure inamovible qui a dirigé le pays durant 42 ans, aurait eu 90 ans aujourd’hui. Seize ans après sa disparition, le « clan » tente de raviver la flamme mémorielle à grand renfort de communication. Le quotidien national L’Union qui célèbre également ses 50 ans aujourd’hui, a ainsi vu ses pages tapissées de messages de célébration, orchestrés par sa descendance et sa Fondation.
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Dans un Gabon en pleine mutation politique, qui tente laborieusement de tourner la page de la dynastie Bongo depuis la chute d’Ali Bongo, ces hommages en pleine page sonnent comme un rappel obstiné de l’héritage du « Patriarche ». Surtout que le nouveau régime d’Oligui Nguema flirte langoureusement avec cet héritage qui a encore de beaux jours devant lui.
L’émotion des petits-enfants
La première offensive médiatique est venue du cercle familial intime, du moins en apparence. Sur une page entière, les « petits-enfants et arrière-petits-enfants » ont choisi une infographie soignée montrant la statue du défunt président pointant le ciel. Le message joue la carte de l’émotion pure : « Le temps a continué sa route, mais ton souvenir ne vieillit pas [...] Tu vis dans nos rires, dans nos silences ». Un hommage qui tente d’humaniser celui qui fut avant tout un redoutable animal politique.
L’hommage des petits-fils
Mais la famille n’est pas la seule à s’être offert une tribune. La Fondation Omar Bongo Ondimba pour la paix, la science, la culture et l’environnement dirigé par les enfants et proches de l’ancien indéboulonnable président gabonais, a également acheté une page entière dans le même quotidien pour marteler la dimension "historique" du personnage. Des hommages similaires sont gagnés également les médias publics pour l’occasion qui était bien trop belle pour magnifier leur bienfaiteur familial.
Sur ce visuel de la Fondation, exit la statue, place à un portrait bienveillant d’Omar Bongo en costume cravate, accompagné d’une colombe blanche prenant son envol, symbole de cette « Paix » chère à sa propagande officielle. Le texte est sans équivoque sur la volonté de maintenir le mythe : « En ce jour spécial qui aurait dû marquer tes 90 ans, nous voulons rendre hommage [...] au grand Homme que tu es pour nous Gabonais et pour le monde ».
42 ans de pouvoir absolu et de « Françafrique »
Ces hommages appuyés contrastent violemment avec le bilan réel de celui qui accéda au pouvoir en 1967 pour ne plus jamais le lâcher jusqu’à sa mort en 2009. Derrière l’image du « grand homme » et du médiateur de paix vantée par la Fondation, l’histoire retient aussi les 42 années d’un règne sans partage. Omar Bongo a incarné avec maestria la « Françafrique », gérant la manne pétrolière comme un bien personnel et installant un système de clientélisme dont le pays paie encore le prix aujourd’hui.
L’hommage de sa Fondation
Alors que le Gabon traverse une transition destinée à restaurer les institutions abîmées par un demi-siècle de gestion familiale, cet anniversaire de naissance agit comme un révélateur. D’un côté, une famille et des fidèles qui célèbrent le « merveilleux souvenir » du patriarche ; de l’autre, un peuple qui aspire à solder définitivement l’héritage politique d’un système à bout de souffle.
Sous sa présidence, le Gabon devient un « émirat pétrolier » d’Afrique centrale. Cependant, cette richesse a profité essentiellement à un cercle restreint, alimentant un système de clientélisme et de corruption massive. Omar Bongo fut également l’un des piliers de la « Françafrique », entretenant des relations aussi étroites qu’opaques avec l’Élysée, de De Gaulle à Sarkozy, finançant parfois les campagnes électorales dans l’Hexagone tout en garantissant aux entreprises françaises l’accès aux ressources gabonaises.
Un héritage lourd à porter
Si ses partisans retiennent de lui l’image d’un homme de paix et de médiation qui a préservé la stabilité du Gabon dans une région tourmentée, ses détracteurs pointent du doigt le passif économique et social : un pays riche aux infrastructures défaillantes, une inégalité criante et une dette colossale laissée à sa mort.
Seize ans après sa mort, cet anniversaire de naissance résonne de manière particulière. Alors que les "petits-enfants" célèbrent celui qui "reste présent dans [leurs] cœurs", le Gabon, lui, cherche encore sa voie pour solder définitivement l’héritage politique et économique d’un demi-siècle de "système Bongo" où le pouvoir et le sommet a toujours été une affaire familiale jusqu’à la chute de son fils le 30 aout 2023, renversé par la garde républicaine qu’ils avaient surarmée pour leur unique proctection.
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