Gabon : Le Sénat de la transition ferme ses portes ce mardi, place aux sénateurs élus de la Ve République

Un Sénat de la transition au cœur de la refondation

Installé en octobre 2023 et présidé par Paulette Missambo, le Sénat de la transition s’est voulu l’un des piliers du vaste chantier de refondation engagé durant cette période exceptionnelle. Son action s’est concentrée sur plusieurs axes majeurs : réforme institutionnelle, promotion de la bonne gouvernance et restauration de la crédibilité des institutions.

La présidente sortante du Sénat

Parmi ses réalisations phares figure la révision de la Charte de la transition, qui a porté le nombre de sénateurs à 70 et relevé l’âge minimum d’éligibilité à 50 ans, afin de renforcer l’expérience et la stabilité au sein de la chambre haute. Sur le terrain normatif, le Sénat de la transition a contribué à des avancées présentées comme essentielles en matière de transparence budgétaire et de gestion publique : encadrement des emprunts de l’État, adoption de la loi organique portant code électoral, texte sur les partis politiques et loi encadrant le transfert des compétences de l’État vers les collectivités locales.

Une clôture qui prépare le passage de relais

Aux côtés de l’Assemblée nationale de la transition, il a également adopté la nouvelle Constitution, considérée comme un jalon central sur la voie du retour à l’ordre constitutionnel. Les sénateurs de la transition ont, par ailleurs, examiné et voté une série de textes couvrant des domaines variés : droits de l’Homme, fonction publique, économie, culture, organisation territoriale, etc. La clôture de cette mandature intervient alors que s’achève la deuxième session ordinaire du Sénat.

La cérémonie prévue le 19 décembre sera conduite, cette fois, par le président fraîchement élu de la nouvelle chambre, assurant une forme de continuité républicaine dans le passage de relais. Le nouveau Sénat, qui s’installera 48 heures après la dissolution de l’actuel, ouvrira un chapitre inédit de la Ve République. Issu des élections sénatoriales de novembre, il reflète un rapport de forces très favorable au camp présidentiel : avec 47 sièges sur 70, l’UDB dispose d’une majorité confortable pour accompagner les grandes réformes annoncées par le chef de l’État, Brice Clotaire Oligui Nguema.

Majorité écrasante, responsabilité accrue

Les autres sièges se répartissent entre les formations alliées et une opposition qui s’annonce réduite mais observée, notamment sur les textes touchant aux libertés publiques et à la réorganisation de l’État. Au-delà du renouvellement des visages, l’enjeu est désormais d’apprécier la capacité de ce premier Sénat de la Ve République à s’affirmer comme une véritable chambre de réflexion et de contrôle, et non comme une simple chambre d’enregistrement de l’exécutif.

La domination numérique de l’UDB lui donne les moyens de dérouler sans entrave l’agenda présidentiel ; elle place, en retour, la majorité sénatoriale face à une responsabilité accrue : celle de faire vivre le débat parlementaire et de prouver que la fin de la transition s’accompagne bien d’un nouveau souffle institutionnel, et pas seulement d’un changement d’intitulé.